Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/144

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vrai : voilà le seul mensonge que je me suis permis. Car je sais que ce ne seroit pas vous faire ma cour, mon Prince : votre grande politique est la vérité.

La mienne est de me livrer en enfant perdu, quitte à être abandonné. Par exemple, j’ai dit au prince Potemkin que s’il vouloit marcher sur les bords de la mer Noire jusqu’au Danube, et faire marcher Romanzow à Bucharest, je réussirois à le faire hospodar de Moldavie et de Valachie. — Je me moque bien de cela, m’a-t-il dit ; je parie que je serois roi de Pologne si je le voulois : j’ai refusé d’être duc de Courlande ; je suis bien plus que tout cela. — Au moins, ai-je répondu, rendez ces deux pays (la Moldavie et la Valachie) indépendans des Turcs à la paix. Faites qu’ils soient gouvernes par leurs boyards, sous la protection des deux Empires. Il m’a dit : Nous verrons.

V. A. verra plus aisément que qui que ce soit, par la morale de la fable de l’alouette avec ses petits, dont elle se souvient sûrement, qu’on ne peut s’en rapporter qu’à soi, et qu’on n’a des alliés que pour être sûr de n’avoir pas tout à fait des ennemis de plus.

Mon colosse Potemkin se remuera peut-être un jour : c’est l’emblème de l’empire. Il y a