Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/153

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Quelques jours après les Tschaïques vinrent se promener trop près de la Kriegs-Insel. Oh ! il faut les en corriger, dis-je à mon fils, qui travailloit tantôt à l’attaque dirigée par le maréchal Loudon, et tantôt à celle dont j’étois chargé. Aussitôt Charles, avec sa gaieté ordinaire, se jeta dans une de mes barques avec mes aides-de-camp, et s’en alla, suivi de 40 autres petits bâtimens, attaquer les Tschaïques des Turcs. Je dirigeai la bataille de ma fenêtre, malgré un accès de fièvre diabolique ; et après m’être tué de crier à un italien qui commandoit ma frégate la Marie-Thérèse, alla larga ; et des mots que je n’ose pas écrire, j’allai d’impatience gagner et achever ma drôle de bataille navale moi-même : je ne perdis personne. On dit que trois Tschaïques turques, qui offrent plus de surface que les miennes, ont été maltraitées.

Croyez-vous, mon cher maréchal, que nous nous brouillâmes pour cela, Osman et moi ? Point du tout ; je ne pouvois être que tout à fait bien, ou tout à fait mal avec lui. Le lendemain j’allai en voiture à l’embouchure de la Donavitz, à quarante toises de la place, entouré de tant d’officiers d’ordonnance, d’aides-de-camp et de hussards que nous valions bien un coup de canon. Point du tout ; je fis tirer à