Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/164

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

J’ai formé ici le corps de Mychalovicz, appelé Manteaux rouges, qui ne sont pas les plus honnêtes gens du monde, mais bien braves ; et je les ai exercés à la turque, criant à leur manière, et par la plus grande chaleur du jour ; si l’on nous attaque à midi, comme cela arrive quelquefois, ils y seront tout préparés.

Je sais, Prince, qu’on croit à Vienne les Hongrois dangereux. On devroit, à la vérité, leur ôter les employés allemands, qu’ils n’aiment pas ; mais qu’on ne craigne pas la révolte dans un pays où il y a six partis puissans qui se détestent ; le clergé catholique, grec et protestant, les magnats, les gentilshommes et les paysans. Il est bien aisé d’en avoir au moins quatre pour la cour.

Je défie les émissaires prussiens, quand même ils apporteroient beaucoup d’or avec eux, de réussir à troubler la Hongrie. Quelle pauvre politique que celle de l’or et de la rébellion ! Louis XIV s’est perdu dans mon esprit par ces deux moyens qu’il a employés parmi nous. Je connois dans plus d’une famille des portraits de ce Roi enrichis de diamans, et des lits brodés comme le sien à Versailles.

Voici ce qui vaut mieux que tout cela, parce que c’est beaucoup moins sérieux.