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Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/205

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Boyards, qui ne diffère de celui des Turcs que par le bonnet qu’ils mettent au-dessus de leur calotte rouge, et qui ne ressemble pas à un turban.

Les femmes des Boyards ont sans cesse à la main, ainsi que les sultanes, une espèce de chapelet de diamans, de perles, de corail, de lapis-lazuli, d’agathe, ou de bois rare, qui leur sert de maintien, comme l’éventail pour nos femmes. Elles jouent avec cela, entretiennent l’agilité de leurs doigts, dont les ongles sont peints en carmin, comptent les grains, et s’en sont fait, à ce qu’on dit, un langage pour leurs amans. J’ai cru même surprendre quelques regards de maris, curieux de savoir peut-être si je ne connoissois pas déjà un peu ce joli alphabet de galanterie. Les heures d’un rendez-vous s’apprennent ainsi fort aisément. Mais comment peut-il y en avoir ? Sept ou huit serviteurs des Boyards, et autant de jeunes filles qui servent leurs femmes ; les uns et les autres, jeunes et d’une figure charmante, sont toujours dans les appartemens ; leur costume ne diffère qu’en richesse de l’habillement des maîtres de la maison. Chacun et chacune a son département : l’un d’eux apporte, dès qu’on entre pour faire une visite, une et jusqu’à quatre pipes. L’une d’elles apporte une