Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/207

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Turc, Je suis nul, je n’ai plus d’idées : et c’est ce que je puis faire de mieux, étant loin de vous et de ce que j’aime.

J’estime assez l’air religieux avec lequel les jeunes gens, souvent des deux sexes, laissent leurs babouches au bas du premier gradin, pour ne pas gâter les beaux tapis, et souiller le sanctuaire où reposent leurs maîtres. Après avoir fait l’office de leur charge, ils s’en retournent à reculons reprendre leurs babouches et s’asseoir, dans un coin, sur leurs genoux. J’aime qu’on n’ait point à sonner ou à crier sans cesse après des valets. Si par hasard ils sont tous en commission, on les appelle, comme au sérail, en frappant des mains, en manière d’applaudissement.

Constantinople donne le ton à Jassy, comme Paris à la province, et les modes arrivent encore plus tôt. Le jaune étoit la couleur favorite des sultanes ; elle est devenue à Jassy celle de toutes les femmes. Les grandes pipes bien longues, de bois de cerisier, avoient remplace à Constantinople les pipes de bois de jasmin. Nous n’avons plus que des pipes de cerisier, nous autres Boyards. Ces messieurs ne vont jamais à pied. Ils sont tous paresseux comme les Turcs.

Les femmes pourroient se dispenser d’avoir