Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/24

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éloges que je savois qu’il avoit donnés au général Beck : [1] mais je le croyais un homme de mérite. — Je ne le crois pas, Sire ; il ne vous a pas fait grand mal. — Il m’a pris quelquefois des magasins. — Et il a laissé quelquefois échapper vos généraux. — Je ne l’ai jamais battu. — Il ne s’approchoit jamais assez pour cela ; et j’ai toujours cru que Votre Majesté ne paroissoit en faire cas que pour qu’on eût de la confiance en lui, et qu’on lui donnât des corps plus forts, dont elle auroit tiré bon parti. — Savez-vous qui m’a appris le peu que je sais ? C’est votre ancien maréchal Traun ; voilà un homme, cela. Vous parliez tantôt des François : font-ils des progrès ? — Ils sont capables de tout en tems de guerre, Sire ; mais, pendant la paix, on veut qu’ils ne soient pas ce qu’ils sont, et on veut qu’ils soient ce qu’ils ne peuvent pas être. — Mais quoi, disciplinés ? ils l’étoient du tems de M. de Turenne. — Oh ! ce n’est pas cela, ils ne l’étoient pas du tems de M. de Vendôme, et n’en gagnoient pas moins de batailles ; mais on veut qu’ils soient vos singes et les nôtres, et cela ne leur va pas. — C’est ce qui me semble ; j’ai déjà dit de leurs

  1. Tout ce qui est imprimé en caractères italiques c’est du Roi, le reste en caractères romains, c’est de moi.