Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/271

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lente tête, soutenue par un beau bras, travaille et fait avancer les affaires, tantôt avec lenteur, tantôt avec rapidité, mais toujours avec certitude.

Mes camarades, les Mourza de la Tauride, n’auroient pas aussi bien reçu un homme, et les Zaporogues, mes voisins, dans les terres que V. M. m’a données, auroient dressé une embuscade au sublime Empereur qui auroit voulu tout voir par lui-même. L’homme perd en se montrant ; la femme y gagne : en la voyant on passe de l’étonnement à l’estime, et de l’estime à l’admiration ; et si son génie est aimable, l’amitié, l’attachement viennent se placer au milieu de tout cela, et n’y gâtent rien.

Oserois-je écrire tout ceci à un homme, qui s’imagine toujours qu’on veut le flatter, ou le tromper, ou lui montrer un talent qui l’offusque ? Les plats courtisans cherchent à rencontrer les yeux du Souverain, qui ne sont souvent pas les plus beaux yeux du monde. On cherche sans bassesse ceux de la Souveraine, non pour avoir un grand gouvernement, mais un peu de succès dans la société.

Le grand homme à cheval fait trembler généraux, soldats, grands seigneurs et paysans. Le grand homme en calèche avec cinq ou six