Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/312

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ON prend aisément les habitudes de ceux avec qui l’on vit, et il n’y a pas de mal à cela, lorsqu’elles ne sont ni méchantes, ni dangereuses. On dit que c’est foiblesse, mais les gens faciles sont toujours aimés. On dit que c’est ne pas avoir de caractère. Ceux qui profanent ce mot, et qui le confondent avec une roideur humoriste, en manquent presque toujours. Qu’on le mette, ce caractère à soutenir ses amis, les absens et les disgraciés. Mais la complaisance dans les rapports ordinaires de la vie est une preuve étendue dans l’esprit : peser sur les petites choses, c’est donner sa mesure. Les femmes les plus heureuses dans leur intérieur sont celles qui ont épousé des hommes de génie ; ils se laissent mener d’autant plus volontiers qu’ils sont toujours maîtres d’eux-mêmes : on se donne quand on s’appartient.

POURQUOI y a-t-il si peu de gens naturels dans le monde ? Il y en a qui étant capables de sentimens vrais, s’en font de factices, pour essayer si de cette façon ils produiront plus d’effet. Ils sont bien punis de leur peine