Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/77

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plus fous encore que les anciens convulsionnaires : ils crient allah, jusqu’à ce qu’épuisés de forces, ils tombent à terre, dans l’espérance de ne s’en relever que pour entrer dans le ciel. Je laissai là, pour quelques jours, la cour dans les plaisirs, et montai et descendis le Tczetterdan, au risque de la vie, en suivant le lit raboteux des torrens, au lieu de chemins que je n’ai pas trouves. J’avois besoin de reposer mon esprit, ma langue, mes oreilles et mes yeux de l’éclat des illuminations : elles luttent pendant la nuit avec le soleil, qui n’est que trop sur notre tête tout le jour. Il n’y a que vous, chère marquise, qui sachiez être brillante sans fatiguer : je n’accorde ce don à personne autre qu’à vous, pas même aux astres.


LETTRE V.

De ParThenizza,


C’EST sur la rive argentée de la mer Noire ; c’est au bord du plus large des ruisseaux, où se jettent tous les torrens du Tczetterdan ; c’est à l’ombre des deux plus gros noyers qui existent et qui sont aussi anciens que le monde ; c’est au pied du rocher où l’on voit encore une colonne, triste reste du temple de Diane,