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divans ou matelas pour une population qui vit accroupie et qui laisse toujours ses chaussures à la porte extérieure de la maison. L’exposition nous présentait toute une curieuse collection de chaussures, depuis les sabots montés sur deux planches de 10 centimètres de haut, taillés dans un seul bloc et qui, ressemblant aux geta japonaises, servent comme elles pour les temps de pluie, jusqu’aux mignons souliers brodés des femmes de la noblesse (les femmes coréennes, sans aucun artifice, ont le pied fort petit). On voyait aussi d’intéressants bijoux, des épingles, des cassolettes en filigrane d’or, des couteaux de luxe à manche et gaine en bois, jade, métal sculpté, ciselé, incrusté, orné de mille manières. Et un peu plus loin, pour compléter l’histoire du costume, des mannequins : l’homme en deuil avec son costume écru et son énorme chapeau de paille, en forme de tronc de cône, d’un mètre de diamètre à la base ; le mandarin en uniforme ordinaire, puis en costume de cour ; le garde royal vêtu de couleurs voyantes avec des plumes de paon au chapeau ; dans une autre vitrine, un costume de commandant en chef, ayant, dit on, une origine historique, casque, longue cotte d’étoffe vermillon, doublée, ouatée, ornée de métal. On pouvait déplorer l’absence d’une collection complète des chapeaux, elle eût été curieuse, car le peuple coréen a inventé et porte quelques-unes des coiffures les moins pratiques et les plus étranges qu’on puisse imaginer.

Un mot maintenant sur les arts en Corée. Le pavillon même était la copie, exécutée par l’architecte de la Commission, d’une de ces salles royales qui sont les appartements d’apparat des palais, les chapelles du culte des anciens souverains. Un soubassement rectangulaire en pierre avec balustrades et degrés d’accès ; au centre, ménageant un large promenoir tout autour, le bâtiment rectangulaire ; un toit en tuiles grises alternativement convexes et concaves, qui assurent l’écoulement de l’eau, et dont les jours et les ombres rompent la teinte uniforme.

Il faut aussi parler des livres coréens : plusieurs vitrines leur étaient consacrées, à bon droit : beauté du papier, épais, résistant, de trame cotonneuse, parfois mat, parfois poli, et d’un ton d’ivoire ; grandeur des formats ; tracé élégant, sobre et plein des caractères qui flattent l’œil, et sont véritablement parlants ; illustration encore un peu raides et hiératiques, mais souvent bien simples et gracieuses.

Devant toutes ces collections, on sentait combien le pays coréen se transforme et on s’en apercevait mieux encore quand on regardait les très jolies photographies exposées qui nous révélaient, dans les rues où marchaient des Coréens habillés de soieries, — des fils électriques de téléphone, des tramways à vapeur, — hier et aujourd’hui étrangement mélangés.

INSTRUMENTS DE MUSIQUE.
ARMES ET COSTUMES.