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mon procès était fait et parfait ; qu’on avait découvert que j’avais eu part aux désordres de la nuit et que j’allais les payer. Cette pensée accablante me fit retomber sans force sur mon lit.

— Eh bien ! Saturnin, me dit Toinette, es-tu encore malade ?

Pas de réponse.

— Le révérend Père Polycarpe va donc partir sans toi, continua-t-elle ; il comptait pourtant t’emmener avec lui.

À ce mot de départ, ma tristesse se dissipa.

— Il part ! dis-je à Toinette avec vivacité. Eh ! vraiment, je me porte à merveille.

Dans le moment, je m’élançai hors du lit, et je fus habillé avant que Toinette songeât à faire attention au passage subit de la tristesse à la joie que je venais d’éprouver en si peu de temps ; je la suivis.

J’étais trop agréablement occupé de la nouvelle que Toinette venait de m’apprendre pour quitter avec regret la maison du pasteur. Je ne pensai pas même que je ne reverrais plus Suzon. Je trouvai le Père Polycarpe qui m’attendait : il fut charmé de me revoir. Je passe sous silence les caresses d’Ambroise, les baisers, les larmes mêmes de Toinette. Elle en répandit, j’en jetai moi-même. Me voilà en croupe sur le cheval du valet de sa Révérence. Adieu, père Ambroise ; adieu, madame Toinette, serviteur. Je pars, nous marchons, nous arrivons, nous voilà au couvent.


FIN DE LA PREMIÈRE PARTIE