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première édition, pas plus que la seconde, et je renvoie sur ce point à la Bibliographie qui suit.

Les éditeurs : Un notaire, un marquis,
une comédienne et… un carme !

On a vu, par l’un des documents que nous avons cité, qu’un ancien notaire nommé Morand, habitant à Villeneuve-St-Georges, avait avancé les fonds (cinq mille livres) pour l’édition de l’ouvrage. Ce commanditaire ne fut pas inquiété.

Les véritables éditeurs se nomment le marquis Le Camus et sa maîtresse, une demoiselle Ollier, comédienne. Détail amusant, l’exempt Dubut les catalogue, dans une note : « Jansénistes auteurs et débiteurs de livres prohibés ». C’est qu’ils apparaissent, en effet, comme faisant habituellement le commerce de livres prohibés, jansénistes ou… obscènes. Une autre note du même Dubut répète : « Jansénistes convulsionnaires et débiteurs d’estampes indécentes ».

Le marquis et la comédienne vivaient ensemble depuis environ neuf années. La demoiselle Ollier habitait chez une dame d’Alainville.

Les demoiselles Ollier, dit Dubut, sont deux sœurs, elles ont couru les théâtres de province, elles donnent à jouer à Paris à présent, outre cela, elles se sont toujours mêlées de faire imprimer et de distribuer des ouvrages prohibés…

Le marquis Le Camus ne fut pas plus inquiété que le notaire Morand, bien qu’il soit cité comme l’éditeur dans toutes les notes et tous les interrogatoires. La demoiselle Ollier fut conduite à la Bastille le 8 mars. Un rapport de Dubut, du 21 mars, indique que le marquis ne quitte plus l’abbé Nourry, et que tous deux font des démarches pour faire libérer la Ollier.

La comédienne fut relâchée le 22 juin et exilée à Toulouse. Elle se borna à se rendre à Rueil, chez une de ses