Page:Gervaise de Latouche - Histoire de dom B… portier des chartreux, 1741.djvu/107

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
91
Portier des Chartreux.


celui de ces filles tendres, que l’empreſſement des hommes érigeoit en idoles publiques. Je crois, ajoûtai-je, que la Sœur Monique iroit là auſſi volontiers que ſon frere ? Je t’en reponds, me dit-elle, cette pauvre fille aime les hommes à la fureur, l’idée ſeule l’en enchante : & toi, petite friponne, repris-je, tu ne les aime donc pas ? Je ne te cache pas, me repondit-elle, que je les aimerois, ſi ce qu’on fait avec eux n’étoit pas ſi dangereux ; tu le crois, lui dis-je, il ne l’eſt pas tant que tu le penſes : va, Suzon, pour faire cela avec une femme, elle ne devient pas toujours groſſe : vois, ajoûtai-je, cette Dame qui eſt notre voiſine, il y a longtems qu’elle eſt mariée, elle le fait avec ſon mari, & cependant elle n’a pas d’enfans. Cet exemple parut l’ébranler. Ecoute, ma chere Suzon, pourſuivis-je, & comme inſpiré par un intelligence au-deſſus de mon âge qui me faiſoit pénétrer dans les myſtéres de la nature la Sœur Monique t’a dit que quand Martin lui mettoit, elle étoit toute remplie de ce qu’il lui donnoit, c’étoit ſans doute ce qui lui avoit fait un enfant. Hé bien, dit Suzon, en me regardant fixement, & cherchant dans mes yeux