vec elle le lendemain. Je me couchai
dans la reſolution de lui tenir parole,
& on juge bien que le jour ne changea
rien à cette reſolution. Si on me demandoit
ſi véritablement c’étoit pour
Madame Dinville, que je voulois aller
au Château ? A cela je ne ſaurois trop que
repondre, en genéral, je dirois que c’étoit
l’idée du plaiſir qui m’y conduiſoit,
mais que je ſentois que ſi ce plaiſir m’étoit
préſenté par Suzon, il me ſeroit bien
plus ſenſible, que ſi je le recevois de
Madame Dinville. L’eſpérance d’y trouver
ma chere Suzon, n’étoit pas ſans
vraiſemblance, & voici comme je raiſonnois.
Pourquoi m’a-t’on mis chez
Monſieur le Curé, c’eſt, ſans doute,
parce que le Pere Polycarpe s’eſt douté
que Toinette m’a donné une leçon qui
n’eſt pas de ſon goût, & c’eſt dans la
crainte que je ne m’accoûtumaſſe trop
aiſément à ces leçons, qu’il a jugé à
propos de me placer ici. Toinette a
bien vû autre choſe de la part du Pere :
elle a donc pour le Moine autant de
raiſon d’éloigner Suzon du Moine, que
le Moine en a eu de m’éloigner de Toinette.
Si je trouve Suzon au Château,
il y a de petits bois dans le jardin, je
l’engagerai à y venir ; la petite fripon-
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Portier des Chartreux.