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Portier des Chartreux.


nous étions, rendoit l’endroit délicieux pour l’uſage auquel elle le deſtinoit. J’en fis autant, & je me mis à côté d’elle ; elle me regarda, me ſerra la main, & ſe coucha : je crus que l’heure du Berger alloit ſonner, & déja je preparois l’éguille, quand tout-à-coup elle s’endormit. Je crus d’abord que ce n’étoit qu’un aſſoupiſſement leger cauſé par la chaleur, & qu’il me ſeroit facile de diſſiper ; mais voyant qu’il augmentoit, j’eus la ſimplicité de me déſeſperer d’un ſommeil dont la promptitude & la force devoient m’être ſuſpectes. Encore, diſois-je, ſi c’étoit après avoir ſatisfait mes deſirs, je lui pardonnerois : mais avoir la cruauté de s’endormir au moment qu’elle me donne les plus belles eſpérances ! Je ne pouvois m’en conſoler : je l’examinois avec douleur, elle étoit dans le même habillement que la veille, elle n’avoit rien ſur la gorge, mais elle y avoit ſuppléé d’une façon qui en rendoit l’impreſſion plus piquante, elle y avoit mis ſon évantail qui ſuivoit les mouvemens du ſein & ſe ſoulevoit aſſez pour m’en laiſſer entrevoir la blancheur & la régularité.

Preſſé par mes deſirs, je me ſentois des envies de la reveiller, qui