bouche ſur la ſienne, la précaution que
j’avois priſe de m’apuyer ſur mes mains
ne tint pas contre le raviſſement où je
me trouvai bien-tôt ; plus d’attentions,
je me laiſſai tomber ſur la Dame, il ne
fut plus en mon pouvoir de faire autre
choſe que la ſerrer & la baiſer avec fureur.
La fin du plaiſir me rendit l’uſage
de mes yeux, que le commencement
m’avoit ôté, elle me rendit le ſentiment
que j’avois perdu : je ne le recouvrai
que pour voir des tranſports de
Madame Dinville que je n’étois plus en
état de partager. Ma Dormeuſe venoit
de croiſer les mains ſur mes feſſes, &
élevant le derriere qu’elle remuoit avec
une vivacité prodigieuſe, elle m’attiroit
ſur elle de toute ſa force ; j’étois immobile,
& je lui baiſois encore la bouche
avec un reſte de feu, que le ſien
commençoit à rallumer. Cher ami, me
dit-elle à demi voix, pouſſe encore un
peu, ah, ne me laiſſe pas en chemin !
Je me remis à travailler ſur de nouveaux
frais, plein d’une ardeur qui ne s’éteignit
pas ſi-tôt que la ſienne ; car à peine
eus-je donné cinq ou ſix coups, qu’elle
perdit connoiſſance. Cette vûë ne fit
que m’animer davantage, je doublai le
pas, je l’atteignis, je tombai ſans mou-
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