ſauterelles qui tombent ſur une terre,
rongent, mangent, ravagent
laiſſent les marques les plus funeſtes de
leur paſſages, ou à ces armées de peuples
barbares qui ſortirent de leur marais
pour inonder l’Europe.
Ils ſe haïſſent, ils ſe déteſtent dans le particulier l’intérêt commun les réünit. rongés par leurs guerres civiles, ils n’en ſont diſtraits que par les étrangeres. Rien n’eſt mieux ordonné que l’extérieur de leur armée, rien ne l’eſt moins que l’intérieur. Faut-il élire un Général, que de factions, que de complots, que de brigues, autant que de Moines. On crie, on court, on s’agite, on ſe remue, on ſe bat, on ſe tuë. S’agit-il de faire quelqu’incurſion ſur le monde, d’attenter à la bourſe des Fidéles, d’inventer quelques nouvelles pratiques de ſuperſtition, c’eſt le même eſprit qui anime, c’eſt le même zele qui échauffe, tous concourent au but général : dociles aux ordres de leurs Supérieurs, ils ſe rangent ſous leurs drapeaux, montent en chaire, prient, exhortent, perſuadent, entraînent des peuples imbéciles, qui ſuivent aveuglement leurs caprices, & les adoptent comme les régles néceſſaires de leur conduite.