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Histoire de Dom B…


me vous le faites : j’accepte vos offres. Allons, reprit-il, parole d’honneur, tantôt je vous prens à minuit dans votre chambre : croyés-moi, boutonnés votre culote, ne tirés pas votre poudre aux moineaux, vous en aurés beſoin cette nuit. Je ne vous en dis pas davantage, je vous quitte, ne ſortés qu’après moi, il ne faut pas qu’on nous voye enſemble, notre réünion pourroit faire cauſer : à tantôt.

Je reſtai dans le dernier étonnement après le départ du Moine. Il n’étoit plus queſtion de branle : uniquement occupé de promeſſe, j’y rêvois ſans la comprendre. Qu’entend-il donc, diſois-je, par cette viande ſolide dont il veut me faire fête ? Si c’eſt quelque Novice, ma foi il peut le garder pour lui, ce n’eſt pas là mon gibier. Je raiſonnois en ſot, je n’en avois pas goûté : Lecteur, étes-vous plus habile que je ne l’étois alors ? Oüi, dites-vous, hé bien, n’eſt-il pas vrai que ce n’eſt pas un ſi mauvais morceau. Le préjugé eſt un animal qu’il faut envoyer paître. Il en eſt d’un garçon comme d’un mets pour lequel on avoit du dégoût ; le hazard en fait tâter, on le trouve délicieux. Eſt-il rien de plus charmant qu’un joli