Page:Gervaise de Latouche - Histoire de dom B… portier des chartreux, 1741.djvu/262

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion
226
Histoire de Dom B…


que va vous cauſer la nouvelle d’une choſe que vous n’avés jamais ſoupçonnée ; vous n’étes pas fils d’Ambroiſe. Je demeurai effectivement ſi interdit à ces mots, que je n’eus pas la force d’ouvrir la bouche. Oüi, pourſuivit le Prieur, vous n’étes ni le fils d’Ambroiſe ni celui de Toinette : vous étes d’une naiſſance plus relevée, notre Piſcine vous a vû naître, une de nos Sœurs vous a donné le jour ; alors il me conta ce que vous avés vû au commencement de ces Memoires. Ah lui dis-je alors, revenu de ma premiere ſurpriſe, quelqu’étonnant, mon Pere, que ſoit le miſtere que vous venés de m’aprendre, je ſens que vous n’aurés pas de peine à m’y faire ajoûter foi : oüi, j’ai dans le cœur des ſentimens qui juſtifient ma naiſſance, & ces ſentimens ne ſe trouvent pas dans celui du fils d’un jardinier ; mais avant que je me livre à la joye que doit m’inſpirer la connoiſſance de mon origine, permettés-moi de me plaindre d’un deffaut de confiance qui m’a ſouvent fait haïr un état auquel j’étois deſtiné par ma naiſſance, pourquoi m’avés-vous toûjours envié la douce conſolation d’embraſſer ma Mere, ſi elle vit encore : craigniés-vous