des les plus exquiſes ſervies avec toute
la propreté poſſible, s’y trouvoient en
quantité. On ſe mit à table chacun à
côté de ſa chacune mangeoit, buvoit,
patinoit, baiſoit, parloit Foutaiſe avec
autant de liberté qu’il y en avoit à nos
feſtins des orgues. Je ne me ſentois pas
d’appétit, on m’en faiſoit la guerre :
je me deffendois mal uniquement occupé
du deſir de retrouver ma Mere,
ou, pour parler plus naturellement,
du deſir de m’eſcrimer avec quelqu’une
de nos Sœurs. Je cherchois des yeux
celle dont la vigueur Monacale m’avoit
fait le fils, & je leur trouvois à toutes
un air de fraîcheur & de jeuneſſe qui ne
me permettoit pas de penſer que j’euſſe
cette obligation à aucune d’elles. Quelques
occupées qu’elles fuſſent auprès
de leurs Peres, elles trouvoient toujours
moyen de me lancer des regards
dont la paſſion renverſoit les conjectures
que je pouvois faire : je m’imaginois
ſottement que je reconnoîtrois ma Mere
au reſpect & à la tendreſſe que la nature
m’inſpireroit pour elle ; mais mon
cœur me parloit également pour toutes,
& mon Vit bandoit ſans diſtinction
en l’honneur de chacune d’elles.
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