Page:Gervaise de Latouche - Histoire de dom B… portier des chartreux, 1741.djvu/306

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Histoire de Dom B…


comme un Carme : pourquoi ne pas dire comme un Céleſtin, valent-ils moins que les autres ; mais ma Devote me regarde, ſa mere lui auroit-elle parlé de moi ? Ah vîte, apaiſons le feu que ſa vûë nous inſpire, branlons-nous : le roulement d’iceux, que me cauſoit le plaiſir, fut pris par un excès de devotion.

Le plaiſir que j’avois en me branlant à l’intention de ma Devote, m’étoit un garant ſûr de celui que j’auroi, ſi j’en pouvois faire davantage. J’attendois de mon adreſſe un bonheur que le hazard me procura quelques jours après.

J’étois un jour ſorti du Couvent : le Portier, quand je rentrait, me dit, en m’ouvrant la porte, qu’une jeune Dame m’attendoit au parloir depuis deux heures, & vouloit abſolument me parler. J’y courus : quelle fut ma ſurpriſe en reconnoiſſant ma Devote : ſi-tôt qu’elle me vit, elle vint avec précipitation ſe jetter à mes pieds ; ayés pitié de moi, mon Pere, me dit-elle, en verſant des larmes dont l’abondance l’empêcha d’en dire davantage. Qu’avés-[vous] donc, ma chere fille, lui demandai-je, en la relevant avec empreſſement,