toûjours la même, n’es-tu pas toûjours
une fille adorable, en ſerois-tu moins
précieuſe à mes yeux ? Les plaiſirs
que tu as donnés à d’autres, ont-ils
alteré la vivacité de ceux que tu
viens de me donner ? Tu m’enleve,
me repondit-elle, je ne fais plus de difficulté
de t’aprendre des infortunes que
tu viens de faire ceſſer.
Suite de l’Hiſtoire de la Sœur
Monique.
Mon malheur a ſa ſource dans mon cœur dans un penchant inſurmontable que la nature m’a donné pour le plaiſir, l’Amour eſt mon centre, c’eſt ma Divinité, je ſuis faite, je ne reſpire que pour lui : une Mere injuſte & cruelle s’étoit imaginée que ſa volonté devoit me tenir lieu de vocation pour le Cloître. Trop timide pour oſer mettre mon goût en concurrence avec ſes ordres abſolus, je ne fis parler que mes larmes, elles ne l’attendrirent pas : j’entrai, je pris le voile : le moment fatal où je devois prononcer l’arrêt de ma mort aprochoit : je frémis à la vûë du ſerment que j’allois faire. L’horreur d’une priſon telle que le Couvent,