de mon cœur, tu tremble, ai-je plus
de force que toi ? Non, mais tu n’as
pas tant d’amour. C’en eſt fait, me
dit-il alors, tu triomphe, j’ai honte de
mon irreſolution, les remords ne ſont
pas faits pour des cœurs auſſi paſſionnés
que les nôtres.
Charmé de ſon courage, je ne dûs qu’au lieu ſeul où nous étions, & à la crainte d’être ſurpriſe, la force de lui refuſer un témoignage de ma reconnoiſſance, que je ne remis qu’au jour de ſon mariage ; peut-être n’aurois-je pas eu la force de l’attendre, ſi l’impatience de ma mere n’eût pas été auſſi vive que la mienne. Verland lui avoit offert ſes vœux, ravie d’une conquête qu’elle croyoit ne devoir qu’à ſes charmes, elle ſe hâta d’en recuëillir les fruits, ils n’étoient pas faits pour elle. Le mariage ſe célébra, la joye que j’en témoignai, m’attira de ma mere mille careſſes, que je payai par d’autres qui étoient moins ſincéres. Mon cœur ſe ſouloit d’avance des plaiſirs de l’amour & de la vengeance. Verland parut, il étoit adorable, mille graces nouvelles animoient toutes ſes actions : le moindre ſourire m’enchantoit, les paroles les plus indifferentes m’enflammoient ;