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Portier des Chartreux.


tout le poids en retombe ſur la cauſe innocente. Son amour venoit de ſe tourner en rage, il frapoit impitoyablement le malheureux Martin, & c’étoit moi qu’il frapoit dans l’endroit le plus ſenſible.

Je me jette entre ces deux Rivaux : arrêtés, dis-je à Verland, en l’embraſſant, mon cher Verland, reſpectés la jeuneſſe, au nom de notre amour, au nom de nos tranſports, Verland ayés pitié de ſa foibleſſe, ſoyés ſenſible à mes larmes : il s’arrête ; mais Martin, qui avoit eu le tems de ſe reconnoître, étoit devenu furieux à ſon tour : il ſe ſaiſit de l’épée de Verland, il ſe lance ſur lui. Je fuis à cette vûë, je me ſauve par un eſcalier dérobé, j’accours ici : tu ſais le reſte.

Monique ne pût achever ſans verſer un torrent de larmes. Hélas, s’écriat’elle, à quel ſort dois-je m’attendre ? Au plus heureux, lui dis-je : raſſure-toi, chere Monique, ce qui fait couler tes pleurs eſt peut-être ſans objet : ſi c’eſt la perte de tes plaiſirs, des plaiſirs plus grands la repareront bien-tôt. J’avois reconnu l’impoſſibilité de la garder plus long-tems dans ma chambre ſans être découvert ; ſi je l’euſſe été, j’avois tout

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