je lui contai mon malheur, elle en fut
attendrie, j’en reçus tous les ſecours
que ſon état lui permettoit de me donner ;
elle me couvrit d’un des habits
d’Ambroiſe, & je reſolus de partir le
lendemain pour Paris, flatté de l’eſpérance
d’y trouver un état qui pourroit
me dédommager de la perte de celui
que je venois de quitter.
Je Partis après avoir ſecoüé, comme les Apôtres, la pouſſiere de mes ſouliers ſur mon ingrate patrie, & marchant à pied, un bâton blanc à la main, & preſque toûjours de nuit, pour dérober ma route, j’arrivai enfin dans cette Capitale de la France.
Je crus pouvoir braver alors la fureur Monacale : le preſent que le Pere André m’avoit fait, & ce que j’avois reçu de Toinette, pouvoient me conduire pendant quelque tems. Mon deſſein étoit de chercher d’abord un poſte de Précepteur, en attendant que la fortune voulût m’en procurer un meilleur. Quelques connoiſſances que j’avois à Paris, auroient pû m’y ſervir ; mais il étoit dangereux de les employer.
Moyennant un retour raiſonnable, j’avois troqué à la friperie mon habit de Payſan contre un plus honnête, Heu-