téte frapoit, me fit bientôt perdre connoiſſance.
Dois-je finir ici le récit de mes malheureuſes avantures ? Ah, Lecteur, ſi votre cœur eſt ſenſible à la compaſſion, ſuſpendés votre curioſité, arrêtés-vous, contentés-vous de me plaindre ; mais quoi, le ſentiment de ma douleur prévaudra-t’il toûjours ſur celui de ma félicité ? N’ai-je pas aſſez verſé de pleurs : je ſuis dans le port, & je regrette encore les dangers du naufrage. Liſés, & vous allés voir les ſuites effroyables du libertinage ; heureux, ſi vous ne le payés pas plus cher que moi !
Je ne revins de ma foibleſſe que pour me voir dans un miſérable lit, au milieu d’un Hôpital. Je demandai où j’étois ? A Biſſetre, me repondit-on : à Biſſetre, m’écriai-je ! Ciel, à Biſſetre ! La douleur me pétrifia, la fiévre me ſaiſit, & je n’en guéris que pour tomber dans une maladie bien plus cruelle, la vérole. Je reçus ſans murmurer ce nouveau châtiment du Ciel : Suzon, me dis-je, je ne me plaindrois pas de mon ſort, ſi tu ne ſouffrois pas le même malheur.
Mon mal devint inſenſiblement ſi violent, que pour le chaſſer on eût re-