part : je les lui donnai avec ſerment
elle héſitoit, elle n’oſoit encore : je
preſſai ſi fort qu’elle ſe détermina. Voila
qui eſt fait, me dit-elle, je t’en crois,
Saturnin, écoute, tu vas être étonné de
ma ſcience, je t’en avertis. Tu croyois
m’aprendre quelque choſe tantôt, j’en
ſais plus que toi, tu le vas voir ; mais
ne crois pas pour cela que j’aye moins
pris de plaiſir à ce que tu m’as dit : on
aime toûjours à entendre parler de ce
qui flatte. Comment donc, Suzon, tu
parles comme Un oracle, on voit bien
que tu as été en Couvent : que cela façonne
une fille ! Oh, vrayement, me
répondit-elle, ſi je n’y avois jamais
été, j’ignorerois bien des choſes que
je ſai : eh dis-le moi donc ce que tu
ſais, repris-je vivement, je meurs d’envie
de l’aprendre.
Il n’y a pas long-tems, continua Suzon, que pendant une nuit fort obſcure, je dormois d’un profond ſommeil, je fus reveillée en ſentant un corps tout nud, qui ſe gliſſoit dans mon lit, je voulus crier ; mais on me mit la main ſur la bouche, en me diſant, tais-toi, Suzon, je ne veux pas te faire de mal, eſt-ce que tu ne reconnois pas la ſœur Monique ? Cette ſœur venoit depuis peu