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Portier des Chartreux.


re, je ne ſongeois qu’à donner le démenti aux vieilles ; mais je devins bientôt auſſi foible que j’étois hardie & vigoureuſe un moment auparavant. La colere fit place au déſeſpoir : moins flatée du plaiſir de me voir en sûreté, que pénétrée de l’affront qu’on avoit voulu me faire, j’avois le viſage baigné de mes larmes. Comment reparoître dans le Couvent, diſois-je ? Je vais être moquée, peu me plaindront, toutes me fuiront, ah ! me voila couverte de honte ! Mais je veux aller trouver ma mere, pourſuivois-je, elle pourra me blâmer, mais peut-être me pardonnera-t-elle : un garçon m’a… hé bien, où eſt donc ce grand crime ? Y ai-je conſenti ? C’eſt ainſi que je raiſonnois. Oüi, continuai-je, je vais la trouver ; je me levai de deſſus mon lit dans ce deſſein, & j’y aurois été, ſi en faiſant un pas pour ouvrir ma porte, je n’euſſe marché ſur quelque choſe qui roula & me fit tomber.

Je voulus voir ce qui pourroit m’avoir fait faire cette chûte, je cherchai je trouvai. Figure-toi ce que je devins à la vûë d’une machine qui repréſentoit au naturel une choſe dont mon imagination m’avoit fait ſouvent la peintu-

  I. Partie.
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