teindre, j’étois forcenée, je redoublois
mes efforts, mais inutilement : le Godmiché
maudit rébondiſſoit, & ne me
laiſſoit que la douleur. Ah ! m’écriai-je,
ſi Verland étoit ici, l’eût-il encore
plus gros, je me ſens aſſez de courage
pour le ſouffrir ! Oüi, je le ſouffrirois,
je le ſeconderois, dût-il me déchirer,
duſſai-je en mourir, je mourrois
contente pourvû qu’il me le mit.
S’il me faiſoit de la douleur, reprenois-je,
que les plaiſirs qu’il me donneroit
rendroient cette douleur bien douce !
Je le tiendrois dans mes bras, je le ſerrerois
étroitement, il me ſerreroit de
même, je collerois ſur ſa bouche vermeille
des baiſers enflammés, je les prodiguerois
ſur ſes yeux, ſes beaux yeux
noirs & pleins de feu, il me tiendroit
dans ſes bras ! quelle volupté ! il repondroit
à mes tranſports par des tranſports
auſſi vifs ! j’en ferois mon idole !
Oüi je l’adorerois ! un beau garçon
comme lui mérite bien de l’être, nos
ames ſe confondroient, elles s’uniroient
ſur nos lévres brûlantes. Ah ! cher Verland,
pourquoi n’eſt-tu pas ici, quelles
délices ! L’amour en inventeroit pour
nous, je me livrerois à tout ce que ma
paſſion m’inſpireroit. Mais hélas, re-
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