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Portier des Chartreux.


tenuë avec moi, elle ne me chargea pas aſſez pour faire croire que je fuſſe bien coupable. Ma faute paſſa pour une imprudence où le cœur n’avoit eu aucune part, pour une violence de la part d’un jeune témeraire, que l’on promit bien de ne plus laiſſer revenir à la grille, & on conclut qu’il n’y avoit que Mademoiſelle Verland de criminelle, puiſque c’étoit elle qui avoit fait éclater une choſe qu’elle devoit taire, ſi ce n’étoit pour l’honneur de ſon frere, du moins pour le mien, qui pourtant n’en ſouffriroit point, parce que dit la Supérieure, elle vouloit reparer l’inſulte que l’on m’avoit faite. Je n’en pouvois pas ſouhaiter davantage, je ſortois blanche comme neige d’une avanture, où ſans me faire injure, on pouvoit mettre le tort de mon côté ; mais je n’avois garde d’en tomber d’accord, ma mere me plaignit, & me parla avec une douceur qui me toucha.

Les ames zélées pour la gloire de Dieu ſavent tirer profit de tout, il fut arrêté entre la Supérieure & ma Mere, qu’ayant eu le malheur de ſcandaliſer quoiqu’involontairement mon prochain ; je devois me reconcilier avec le Pere des miſéricordes, & m’apro-