Page:Gervaise de Latouche - Le Portier des Chartreux, 1889.djvu/122

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

enchanté des plaisirs que vous venez de me faire goûter ! — Oui, reprit-elle, mais je ne suis guère sage de m’être ainsi livrée à tes désirs ; sauras-tu être discret, Saturnin ? — Ah ! vous ne m’aimez guère, lui dis-je, puisque vous me croyez capable d’abuser de vos bontés. Contente de ma réponse un tendre baiser en aurait été le prix si nous n’avions pas été aperçus. Elle me serra la main contre son cœur, et me regarda d’un air de langueur qui me charma.

Nous allions vite ; la conversation était tombée, et je m’aperçus que Mme Dinville jetait un œil inquiet de côté et d’autre. Je n’avais garde d’en pénétrer la cause, ne la soupçonnant pas ; vous ne l’auriez pas soupçonnée vous-même, et vous ne vous seriez pas attendu qu’après avoir travaillé comme nous l’avions fait, la dame ne fût pas contente de sa journée. L’envie de la couronner avec honneur la rendait attentive à examiner si quelque indiscret ne viendrait pas y mettre obstacle. Mais, direz-vous, elle avait donc le diable au cul ? D’accord ; elle venait de sucer ce pauvre petit bougre ; il n’en pouvait plus ; il était rendu, cela est vrai ; mais comment a-t-elle fait pour le faire bander ? Oh ! c’est ce que je vais vous démontrer.

En garçon qui commençait à savoir son monde, puisque je venais d’y faire une entrée assez brillante, j’aurais manqué à mon devoir si je n’avais pas conduit Mme Dinville dans son apparte-