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et celui des moines fut mis à sa place : l’argent fait tout.

Je grandissais insensiblement, toujours cru et me croyant moi-même fils du jardinier. J’ose dire néanmoins, qu’on me pardonne ce petit trait de vanité, que mes inclinations décelaient ma naissance. Je ne sais quelle influence divine opère sur les ouvrages des moines : il semble que la vertu du froc se communique à tout ce qu’ils touchent, Toinette en était une preuve. C’était bien la plus fringante femelle que j’aie jamais vue, et j’en ai vu quelques-unes. Elle était grosse, mais ragoûtante, de petits yeux noirs, un nez retroussé, vive, amoureuse, plus parée que ne l’est ordinairement une paysanne. Ç’aurait été un excellent pis aller pour un honnête homme ; jugez pour des moines !

Quand la coquine paraissait avec son corset des dimanches, qui lui serrait une gorge que le hâle avait toujours respectée, et laissait voir deux tétons qui s’échappaient, ah ! que je sentais bien dans ce moment que je n’étais pas son fils, ou que j’aurais volontiers passé sur cette qualité.

J’avais les dispositions toutes monacales. Guidé par le seul instinct, je ne voyais pas une fille que je ne l’embrassasse, que je ne lui portasse la main partout où elle voulait bien la laisser aller ; et quoique je ne susse pas bien positivement ce que j’aurais fait, mon cœur me disait que j’en aurais fait plus, si l’on ne m’eût arrêté dans mes transports.