Page:Gervaise de Latouche - Le Portier des Chartreux, 1889.djvu/183

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Je ne m’attendais pas à trouver des pensées aussi justes dans une fille que je ne croyais capable que de sentir le plaisir. Né pour le goûter, je profitai de l’heureux penchant qui me la livrait, et nous satisfîmes à loisir nos transports.

L’homme n’est pas né pour être toujours heureux ; je devins rêveur. J’étais en fouterie ce qu’Alexandre était en ambition : je désirais de foutre toute la terre, et après elle un nouveau monde. Depuis six mois j’avais toujours remporté le prix dans les combats amoureux, et du plus brave que j’étais je devins bientôt le plus lâche. L’habitude du plaisir en avait émoussé la pointe, et j’étais avec nos six sœurs ce qu’un mari est avec sa femme. Le mal de mon esprit influa bientôt sur mon corps ; on m’en fit des reproches qui ne glissèrent que sur mon cœur, et il ne fallait pas moins que toute la tendresse du prieur pour me faire aller à la piscine. Il engagea nos sœurs à travailler à ma guérison : elles ne négligèrent rien pour y réussir ; non seulement elles employèrent tous leurs charmes naturels, mais elles y joignirent encore ce que l’art le plus consommé peut suggérer à une vieille coquette fouteuse. Tantôt se rangeant en cercle autour de moi, elles offraient à ma vue les tableaux les plus lascifs : l’une, mollement appuyée sur un lit, laissait voir négligemment la moitié de sa gorge ; une petite jambe faite au tour, des cuisses plus blanches que la neige me promettaient le plus beau con du monde ;