Page:Gervaise de Latouche - Le Portier des Chartreux, 1889.djvu/188

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D’autres, dont le tempérament est moins vif, moins impétueux, donneront plus d’exercice à votre adresse. Avec celles-ci, mêlez les caresses de l’amant aux remontrances du directeur ; échauffez leur naturel par des discours débités avec art ; informez-vous adroitement des progrès qu’elles ont faits dans la science de se procurer du plaisir ; levez le voile qui leur cachait des voluptés inconnues ; découvrez-leur tous les mystères de l’amour ; faites-leur-en des peintures riantes qui échauffent leur sensualité ; montrez-leur le plaisir dans les attitudes les plus séduisantes pour exciter leurs désirs. Vous objecterez peut-être qu’il est difficile de réussir dans un art aussi dangereux ; point du tout, il ne faut que de l’adresse. Je conviens qu’il serait dangereux d’encenser leurs désirs ; mais n’est-il pas mille moyens de concilier leur cœur et leur raison ? Que les portraits que vous leur ferez des plaisirs paraissent faits moins pour les engager à s’y livrer que dans la vue de les en détourner ; insistez sur les plaisirs ; soyez court sur les conséquences : la raison s’opposera vainement aux impressions que vos discours feront dans leur cœur. Rassurez-les du côté du ciel ; détruisez leurs préjugés du côté du monde ; faites-leur envisager qu’il est dangereux de garder trop longtemps une fleur qui se fane ; qu’il est si doux de la laisser cueillir, que sa perte est idéale. Ajoutez qu’il est mille secrets pour empêcher la grossesse. Examinez alors leur visage, vous le