Page:Gervaise de Latouche - Le Portier des Chartreux, 1889.djvu/26

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dessus et l’autre sur le parquet ; elle n’avait qu’un simple jupon blanc, assez court pour laisser voir un genou qui n’était pas assez couvert pour faire penser qu’il serait bien difficile de voir le reste ; un petit corset de la même couleur, un pet-en-l’air de taffetas couleur de rose, bichonnée d’un petit air négligé, et la main passée sous son jupon, jugez à quelle intention ! Mon imagination fut au fait dans le moment, et mon cœur la suivit de près ; mon sort était de devenir désormais amoureux de toutes les femmes qui se présenteraient à mes yeux : les découvertes de la veille avaient fait éclore en moi ces louables dispositions.

— Ah ! bonjour, ma chère enfant, dit Mme Dinville à Suzon ; eh bien, tu reviens donc me trouver ? Ah !… tu m’apportes un bouquet ; mais, vraiment, je te suis bien obligée, ma chère fille ; embrasse-moi donc ! Embrassade de la part de Suzon. Mais, continua-t-elle en jetant les yeux sur moi, quel est donc ce beau gros garçon-là ? Comment petite fille, vous vous faites accompagner par un garçon ? Cela est joli ! Je baissai les yeux ; Suzon lui dit que j’étais son frère ; révérence de ma part — Ton frère ? reprit Mme Dinville ; allons donc ! continua-t-elle en me regardant et en m’adressant la parole, baise-moi, mon fils. Oh ! je veux que nous fassions connaissance. Elle me donne un baiser sur la bouche ; je sens une petite langue