Page:Gervaise de Latouche - Le Portier des Chartreux, 1889.djvu/40

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jamais pensé à ce que nous venons de faire ? Je lui dis que non. Quoi ! reprit-elle, tu ne t’étais jamais mis le doigt dans ton petit conin ? Je l’interrompis pour lui demander ce qu’elle entendait par ce mot. Eh ! c’est cette fente, me répondit-elle, où nous venons de nous chatouiller. Quoi ! tu ne savais pas encore cela ? Ah ! Suzon, à ton âge, j’en savais plus que toi. — Vraiment, lui répondis-je, je n’avais garde de goûter de ce plaisir. Vous connaissez le père Jérôme, notre confesseur : c’est lui qui m’en a toujours empêchée. Il me fait trembler quand je me confesse ; il ne manque pas de me demander exactement si je ne fais pas d’impuretés avec mes compagnes, et il me défend surtout d’en faire sur moi-même. J’ai toujours eu la simplicité de l’en croire ; mais je sais à présent à quoi m’en tenir sur ses défenses. — Et comment, me dit Monique, t’explique-t-il ces impuretés qu’il te défend de faire sur toi même ? — Mais, lui répondis-je, il me dit, par exemple, que c’est quand on se met le doigt où vous savez, quand on se regarde les cuisses, la gorge. Il me demande si je ne me sers pas de miroir pour m’examiner autre chose que le visage. Il me fait mille autres questions semblables. — Ah ! le vieux coquin ! s’écria Monique ; je gage qu’il ne cesse de t’entretenir de cela. — Vous me faites, dis-je à la sœur, prendre garde à certaines actions qu’il fait pendant que je suis dans son confessionnal et que j’ai toujours prises sotte-