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Page:Gervaise de Latouche - Le Portier des Chartreux, 1889.djvu/63

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J’allai me placer sur un prie-Dieu, vis-à-vis de l’autel : mes pleurs m’assoupirent, je m’endormis. J’eus pendant mon sommeil le rêve le plus charmant ; je songeais que j’étais avec Verland, qu’il me tenait dans ses bras, qu’il me pressait avec ses cuisses. J’écartais les miennes et me prêtais à tous ses mouvements. Il me maniait les tétons avec transport, les serrait, les baisait. L’excès du plaisir me réveilla. J’étais réellement dans les bras d’un homme. Encore toute occupée des délices de mon songe, je crus que mon bonheur changeait l’illusion en réalité. Je crus être avec mon amant : ce n’était pas lui ! On me tenait étroitement embrassée par derrière. Au moment que j’ouvris les yeux, je les refermai de plaisir et n’eus pas la force de regarder celui qui me le donnait. Je me sentis inondée d’une liqueur chaude, et quelque chose de dur et de brûlant que l’on m’enfonçait en jetant des soupirs. Je soupirais aussi, et dans le moment une liqueur semblable que je sentais s’échapper de toutes les parties de mon corps, avec des élancements délicieux, se mêlant avec celle que l’on répandait une seconde fois, me fit retomber sans mouvement sur mon prie-Dieu.

Ce plaisir qui, s’il durait toujours, serait plus piquant mille fois que celui qu’on goûte dans le ciel, hélas ! ce plaisir finit trop tôt. Je fus saisie de frayeur en pensant que j’étais seule pendant la nuit dans le fond d’une église : avec qui ? Je ne