Page:Gervaise de Latouche - Le Portier des Chartreux, 1889.djvu/68

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cependant approché tout fin près de vous, et j’ai vu que vous dormiais. Je sis resté là un petit bout de temps à vous lorgner, et pendant ce temps-là, mon cœur faisait tic toc, tic toc. Le guiable est bian fin ; Martin, m’a t-il corné aux oreilles, alle est bian jolie au moins : v’là un biau coup à faire, mon enfant ; si tu laisses échapper c’t’occasion-là, tu ne la retrouveras pas ? avise-toi, Martin. Pardi ! je me sis avisé tout de suite. J’ai levé tout doucement votre collerette, et ai vu deux petits tétons bian blancs. Pardi ! j’ai mis la main dessus, et pis je les ai baisés aussi tout doucement ; et pis, voyant que vous dormiais comme un sabot, j’ai eu envie de faire autre chose, et c’t’autre chose-là, je l’ai faite en vous troussant bravement vot’cotillon par derrière ; et pis j’ai poussé ; et pis, dame, vous savez le reste.

Malgré son langage grossier, l’air d’ingénuité avec lequel Martin s’expliquait me charmait. — Eh bien, lui dis-je, mon cher ami, as-tu bien eu du plaisir ? — Oh ! pardi ! me répondit-il en m’embrassant, j’en ai tant eu que j’sis prêt à recommencer, si vous voulez. — Non, pas pour le présent, lui dis-je ; peut-être s’apercevrait-on de quelque chose ; mais tu as la clef de l’église ; si tu veux venir demain à minuit, tiens la porte ouverte, je viendrais te trouver ; entends-tu Martin ? — Oh ! morgue ! me répondit-il ; c’est bian dit ; nous nous en donnerons à cœur-joie ; nous n’aurons pas d’espions à c’t’heure-là. Je l’assurai que