cela avec une femme, elle ne devient pas toujours grosse. Vois cette dame qui est notre voisine : mariée depuis longtemps, elle le fait avec son mari, et cependant elle n’a pas d’enfants. Cet exemple parut l’ébranler. Écoute, ma chère Suzon, poursuivis-je, et comme inspiré par une intelligence au-dessus de mon âge, qui me faisait pénétrer dans les mystères de la nature, la sœur Monique t’a dit que, quand Martin le lui mettait, elle était toute remplie de ce qu’il lui donnait : c’était sans doute ce qui lui avait fait un enfant. — Eh bien, dit Suzon en me regardant et cherchant dans mes yeux un moyen de satisfaire son envie sans s’exposer aux hasards, que veux-tu dire par là ? — Ce que je veux dire, repris-je, c’est que si c’est ce que l’homme répand qui produit cet effet, on peut l’empêcher en se retirant, quand on sent que cela vient. — Eh ! le peut-on faire ? interrompit vivement Suzon. N’as-tu jamais vu deux chiens l’un sur l’autre ? On a beau les battre pour les faire finir, ils crient, se démènent, voudraient se retirer et ne peuvent pas : ils sont attachés de façon que cela leur devient impossible. Dis-moi, si un homme se trouvait attaché de même à une femme, que quelqu’un vînt, qu’on les surprît ? Cette objection me démonta, l’exemple était simple ; il semblait que Suzon eût prévu ce que j’allais lui proposer. L’exemple était pour nous ; nous allions nous trouver dans le même cas, si Suzon se rendait. Elle semblait attendre ma réponse ;
Page:Gervaise de Latouche - Le Portier des Chartreux, 1889.djvu/83
Apparence