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Page:Geslin, Barthelemy - Anciens eveches de Bretagne, tome 4, 1864.djvu/8

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ABBAYE DE St-RION.

bretons au ve ou vie siècle ? L’île Charo-Enez (par corruption Karoennes) avait-elle été sanctifiée par la présence de saint Rion [1], comme les îlots voisins par saint Maudez


    a mis un désordre complet dans les premières chartes qu’il a publiées de l’une et de l’autre. Ainsi, il donne, sous la date d’un vidimus délivré par un évêque de Quimper en 1219, une charte datée de la première année du règne de Richard Cœur-de-Lion. Nous reproduirons , en les corrigeant , les trois chartes publiées par les Bénédictins , relativement à S’-Rion , parce que c’est le seul moyen de faire disparaître la confusion qui existe dans l’histoire des commencements de ces deux abbayes.

  1. La légende de saint Rion est aujourd’hui perdue ; mais le souvenir au moins en était conservé au xiie siècle. Les moines de Beauport disaient, à la fin du xvue, que saint Rion avait été archevêque de Bourges ; mais nous n’en pouvons découvrir aucune trace dans le catalogue des prélats de cette église. Le sceau de Beauport, qui fut probablement celui de l’abbaye de S’-Rion , représente le Saint, décoré de la mitre et de la eroix processionnelle, naviguant dans la même nacelle que saint Maudez , en habit monacal avec la crosse. Ceci semble indiquer que ces deux serviteurs de Dieu arrivèrent en semble de par-delà les mers ; que saint Rion, avec des fonctions plus élevées dans le sacerdoce, doit compter parmi les premiers apôtres de l’Armorique, comme saint Maudez, dont Albert-le-Grand donne la légende. Les titres des xn’ et xiii* siècles montrent que la dévotion à ces deux saints était grande dans le Moyen-âge, et nos vieux propres placent leur office , à neuf leçons , au 14 des calendes de décembre. De nombreuses églises et chapelles leur étaient consacrées, surtout sur le littoral : leurs reliques furent probablement emportées ensemble à Bourges pour les soustraire à la rage des Normands, car le plus ancien propre de Dol dit, en parlant de saint Maudez : c Yenerandm ejus exuviœ, nono sivculo, ob Danorum nain. Biturices translata : sunt, et in ecclesia cathœiraU, majori ex parte, quiescunt. j. Longtemps, la cellule de ce dernier Saint servit de guide aux pilotes pour se diriger à travers les passes difficiles de l’embouchure du Trieux. Elle était fréquemment visitée par des pélerins , dont les abondantes aumônes permirent, au xu’ siècle, de fonder un prieuré et une belle chapelle dans ce lieu consaeré par de nombreux miracles ; le prieuré relevait de Bégard. Les archives des Côtes-du-Nord ont conservé deux baux de cette propriété , l’un de 1587 , l’autre de 1634 : nous y voyons que le fermier devait être toujours approvisionné de pain , de vin , d’autres vivres, de fourrages et d’un bateau en bon état, pour passer et nourrir les pélerins et leurs chevaux ; il devait fournir au prieur un « mouton gras .» pour l’aider à recevoir les prêtres et autres personnes honorables venant dans l’ile le dimanche de la Pentecôte ; il devait continuer les « honnestetés accoutumées » à l’égard du prieur, du capitaine de l’Ile et de leurs suites, arrivant la veille du pardon de la chapelle ; il devait soigner l’église (le prieur n’y résidant plus), chasser de l’Ile toute mauvaise personne, et réclamer l’aide du capitaine et des gentilshommes voisins pour en expulser les malfaiteurs qui au raient tenté de s’y établir ; il devait interdire la chasse dans l’Ile et ses dépendances ; empêcher toute extraction de pierre à moins de dix brasses ; etc. —