Page:Gevrey - Essai sur les Comores, 1870.djvu/101

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l’Orient, mettre une longue robe et un ruban, cela suffit pour être accepté comme frère par les Islamistes. Les noirs, qui sont de grands enfants, se laissent facilement séduire par l’Arabe à la figure vénérable qui, en égrenant son chapelet, sait leur parler dans leur langue et leur promettre les houris du septième ciel. En général, on rencontre peu de fanatiques parmi les Musulmans à Mayotte ; mais ceux qui ont voyagé en pays arabe, ceux surtout qui ont fait le pèlerinage de la Mecque, sont extrêmement rigides".

Très superstitieux, les Arabes croient aux philtres pour se faire aimer, obtenir de l’influence sur quelqu’un, ou se faire faire un présent ; ils achètent, à des sorciers, des amulettes ou des talismans ; ce sont, ordinairement, des écrits mystérieux enveloppés dans un morceau de toile qu’ils se cousent, en bracelet, autour du bras ; j’ai vu un Arabe antalote payer six piastres un semblable chiffon de papier. Lorsqu’un Arabe est atteint d’épilepsie, ou comme ils disent, possédé du diable, sa famille convie ses connaissances pour un jour favorable, déterminé par les phases de la lune ; on assoit le malade au milieu d’une grande pièce, ornée pour la circonstance ; les femmes s’accroupissent en cercle, sur des nattes, autour de malade, et les hommes autour des femmes ; elles commencent un chant monotone, s’accompagnant, de temps et temps, avec de petites baguettes qu’elles choquent l’une contre l’autre, ou frappant des mains toutes ensemble, pendant que les tam-tams jouent à la porte ; l’orchestre va crescendo avec les accès du malade. De temps en temps ou passe, sur des plateaux de