Page:Gevrey - Essai sur les Comores, 1870.djvu/253

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par une jetée en pierres sèches, dont le pied découvre complètement à mer basse ; ce travail a crée un des plus terribles foyers d’infection qu’il y ait au monde en transformant un marais salé en un marais mixte dont les propriétés délétères aujourd’hui incontestable, sont effrayantes. Quel a été le résultat de la jetée pratiquée ? Il a été d’empêcher la mer, non pas de pénétrer dans le marais, elle y entre par les interstices des moellons, mais de s’y élever jusqu’au niveau de la haute mer. En effet, il s’établit sensiblement un équilibre entre la masse d’eau qui entre avec le flot et celle qui sort avec le jusant, et le niveau du marais est à peu près constamment le niveau moyen de la mer. La jetée a donc en pour résultat d’assécher environ la moitié de la surface du marais et, en cela, elle a réalisé un véritable progrès. Voilà pour la saison sèche, au moment ou le marais ne reçoit que de l’eau salée ; mais pendant les pluies la situation change. Aux premières averses, le marais reçoit une énorme masse d’eau douce arrivant des hauteurs de Pamanzi et dont la longue jetée empêche l’écoulement à la mer ; son niveau monte d’un mètre et sa surface passe de 30 hectares, environ, à 80. L’eau douce mélangée avec l’eau de la mer, en proportions à peu près égales, se corrompt immédiatement, des milliers de poissons meurent, pourrissent, et on peut difficilement se faire une idée de l’horrible foyer d’infection que présente alors cette surface de 80 hectares d’eau en putréfaction. Il est certain qu’à ce moment, tous les habitants de Dzaoudzi et de Pamanzi, même les indigènes, tombent malades.