Page:Gevrey - Essai sur les Comores, 1870.djvu/260

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Depuis quelques années le nombre des habitants a presque doublé ; les causes de cette augmentation sont : 1° la libération et l’établissement dans l’île d’un certain nombre de travailleurs africains qui ont terminé les engagements de travail qu’il avaient passées avec les concessionnaires ; 2° la rentrée d’une partie des anciens émigrés Mahoris ; 3° l’installation à Mayotte, d’une population flottante d’insulaires des trois autres Comores, attirés par les permis de culture et d’établissement qui leur fournissent le moyen de récolter du riz sans pays aucun impôt, tandis que chez eux ils sont rançonnés par leurs sultans. De ces trois causes la première est très-profitable à Mayotte, car elle lui fournit des habitants familiarisés avec les Européens, connaissant la culture de la canne, du café, etc., et relativement riches, du jour où une surveillance efficace des habitations assurera le payement exact de leur pécule aux travailleurs qui ont terminé leur temps de service. Mais la troisième cause d’augmentation est éminemment préjudiciable à la colonie et c’est à elle qu’on peut, en grande partie, attribuer les dévastations qui se commettent depuis quelques années. Il est regrettable que les permis d’établir et de cultiver soient délivrés, le plus souvent, à des Anjouanais qui viennent habiter Mayotte juste le temps d’incendier et de détruire une forêt de nattes et de takamakas, et de récolter deux ou trois sacs de riz qu’ils vont consommer à Anjouan, pour revenir l’année suivante, recommencer leurs ravages et leurs récoltes. Voilà, avec les Mahoris nomades, les cannes et les caféiers des habitations, détruisent les forêts,