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si naturels qu’on lui pardonnait de la friser un peu le dimanche. Ses compagnes l’enviaient, et la critiquaient ; mais ce qui consolait Marianne, c’est que toutes essayaient de l’imiter. Elles perdaient leur temps et leurs peines ; cela, bien entendu, redoublait le ressentiment qu’elles en éprouvaient.

Les résultats de cette sourde animosité étaient quelques vertes semonces que Mlle Mion faisait subir à Marianne dans les réunions de la confrérie. Le pauvre Quinsonnet vivait avec la menace, sans cesse renouvelée de se voir enlever le voile, punition dont tremblait d’effroi toute la jeunesse féminine de la paroisse ; mais Marianne était incorrigible. À chaque grande fête de l’année, elle étrennait une robe ou une coiffe neuve, sans se préoccuper des conséquences. Il est vrai qu’elle savait que cela faisait plaisir à Lallò, lequel avait la faiblesse de la vouloir plus jolie et mieux mise que toutes les autres filles de son âge.


IV.

On était à la veille de la vogue de Bassens la Saint-Barthélemy, à laquelle filles et garçons pensaient depuis trois mois. Chacun, en allant au travail ou en expédiant la besogne pressée du samedi, se faisait part de ses projets pour le lendemain. Les uns porteraient leur goûter pour le manger à l’ombre des pommiers ou des saules ; d’autres invitaient leur bonne amie pour une con-