Page:Gex - Vieilles gens et vieilles choses (1885).pdf/174

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 167 —

pour qu’elle laissât reposer sa mère toute la nuit ; déjà, d’habitude, elle ne faisait qu’un sommeil et personne ne se dérangeait pour elle.

Madame Régine se mit aussi au lit ; je voulais rester près d’elle, comme autrefois, mais elle me renvoya en disant qu’une nuit était vite passée et qu’elle sonnerait si elle avait besoin de quelque chose. Moi, donc, toute tranquille, je lui souhaitai le bonsoir et je redescendis au premier, où j’avais ma chambre à côté de celle de Madame Geneviève. M. Philippe couchait un peu plus loin, juste au-des-sous de sa fille.

Ah ! Jésus ! Maria ! soupira la bonne après un moment de repos, celui qui m’aurait dit alors que la mort attendait derrière la porte de notre maison, je ne l’aurais pas cru certainement, parce que ce n’est pas possible de croire des malheurs comme ça !… Et pourtant, trois heures après…

Puis, faisant un grand effort sur elle-même, la vieille femme ajouta brusquement : — À présent, je vais vous dire la fin.

Je dormais en plein depuis un moment quand je ne sentis tirer par le bras et j’entendis la voix de M. Gaud qui disait :

— Marguerite, lève-toi vite et viens avec moi ! Je me secouai, je croyais faire un rêve. Le Monsieur redit encore :

— Vite, vite, Marguerite, Régine est en haut sur la terrasse, endormie… ne fais point de bruit : ma femme ne sait rien.