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regards émus se tournaient affectueusement vers la chère orpheline à jamais privée des tendresses de ces êtres dont elle devait fatalement ignorer, à la fois, l’existence et l’amour.

On comprend que la dernière partie de cette longue narration fut abrégée autant que possible par la vieille bonne, incapable de supporter plus longtemps l’émotion d’aussi cruels souvenirs. Du reste, nous connaissions à peu près les événements qui suivirent la mort des trois membres de cette famille les amères tristesses et la lente agonie de Madame Gaud, l’inaltérable dévouement de cette humble et fidèle créature pour ses maîtres et bienfaiteurs. C’était là tout le bilan des dernières années de leur séjour à Chambéry.

Maintenant, Marguerite et Nancy allaient partir ; nous ne les reverrions probablement plus…

En écoutant grand’mère assurer notre vieille amie du constant souvenir que nous garderions d’elles, je compris pour la première fois ce que c’était qu’une séparation sans espoir de retour ; je fus triste, et, dès lors aussi, je commençai à soupçonner que la vie ce n’était peut être pas aussi amusant que je l’avais cru jusque-là.


FIN.