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Les préparatifs, culinaires occupaient la Jeanne depuis le matin ; elle avait eu à pétrir du pain blanc et des gâteaux ; des rissoles se confectionnaient sur la grande table de cuisine, et les voisines avaient entendu les derniers cris d’un coq engraissé de longue main pour servir de pièce de résistance. Lallò préparait le bois pour activer la cuisson de toute la victuaille, et restait chargé en outre des courses à faire.

Le pain bénit commandé à Charnbéry ne pouvait être prêt que le dimanche matin. C’était encore sur le jeune homme que l’on comptait pour l’aller quérir ; comme aussi c’était lui qui devait le distribuer le lendemain à l’église, cérémonie qui intimidait les plus hardis de nos garçons.

En apprenant que sa cousine demandait à le voir, Lallò parut légèrement contrarié cependant il répondit qu’il ne manquerait pas d’aller chez son oncle, aussitôt la nuit venue. Nous le laissâmes donc à son ouvrage pour courir à de nouvelles distractions, et, surtout, nous préparer au grand plaisir du lendemain.


V.

C’était un beau dimanche d’août, celui-là, clair et chaud, dès le matin. Les collines de la Ravoire, de Saint-Baldoph et de Montagnole semblaient vêtues de gaze rose, pendant que la crête sévère du Granier s’élevait droite et raide dans le ciel d’un bleu pâle.