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marché, voire même pour l’échanger contre de la marehandise et payer ainsi quelque note clandestine. Je me souviens qu’il y a une huitaine d’années, dans une commune des environs de Chambéry, le feu prit chez une marchande d’étoffes, de merceries et de comestibles réunis. Ceux qui sauvèrent de l’incendie les quelques meubles épargnés trouvèrent dans un saloir dix-neuf jambons absolument différents entre eux de poids et d’embonpoint : c’était là le correspectif des achats faits, chez elle, par des enfants de famille.

Ces petites voleries ont reçu, je ne sais trop pourquoi, le nom de loups et sont très-préjudiciables aux parents négligents de leurs avoirs. Marie pratiquait largement cette coutume, malgré la sévérité du vieux charbonnier et l’incessante surveillance de sa mère, laquelle accusait le renard du dépeuplement du poulailler et les gens du village de la disparition des meilleurs fruits du verger et de jardin.

Pour expliquer ou justifier ses emplettes, la Friquette avait toujours à la bouche le nom de sa marraine de Montendry, qui du reste n’était pas chiche de cadeaux envers elle. Ainsi, la malicieuse fillette se passait toutes ses vaniteuses fantaisies et parvenait sans cesse à éclipser ses compagnes par la richesse de sa mise.