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telles, un tablier de fine cotonnade et le mouchoir à franges.

Ah ! la belle couvée de loups que celle qui devait payer tant de superbes choses ! Mais bien que Marie ne fût point trop embarrassée sur ce point, elle comprenait que le temps lui manquait pour agir avec prudence vis-à-vis des soupçons toujours en éveil de la fermière.

À force de retourner le pour et le contre de la situation, une idée lumineuse lui survint : elle emprunterait.

C’était là un de ces moyens qui sauvent parfois une position plus compromise que la sienne ; pourquoi ne l’emploierait-elle pas ? Quand elle mettrait cinq à six mois à rendre les trente ou quarante francs qui lui faisaient faute, ce n’était pas une affaire ! Combien d’autres, d’allleurs, en faisaient autant ! La Zize Farfaniou devait bien dix-sept francs à Pierre Chevrottin ! Et Jacqueline Grivaz, et la Dine de chez Bidal, et celle-ci, et celui-là… En outre, personne n’avait rien à voir dans ses comptes particuliers : elle emprunterait, elle rendrait, et tout serait fini par-là.

Cette fois, Friquette acheva sa nuit en rêvant qu’elle portait une robe en drap bleu de ciel toute garnie de franges d’argent, comme celle de Notre-Dame du Bettonnet, qui guérit la colique des nouveau-nés.

Lorsque l’on a porté, ne fût-ce qu’en songe, une robe brodée d’argent, on ne recule pas devant les