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faite de bon accueil. On accepta donc sans plus de cérémonie, au grand plaisir de la jeunesse, laquelle ne demandait pas mieux que de baguenauder en route et d’allonger indéfiniment la veillée.

C’était alors et c’est encore aujourd’hui une des coquetteries des ménagères villageoises de ne paraître jamais prises au dépourvu devant une collation à servir ou un repas à improviser ; d’ailleurs, à certains jours de l’année, il est d’usage de s’attendre à des venues et de garnir buffets et placards en conséquence.

En un tour de main, l’immense couvercle de la maie de noyer disparut sous une double rangée de plats et d’assiettes d’étain, de corbillons d’osier, dans lesquels s’étalaient à profusion toutes les provisions de bouche tenues en réserve : saucisses frites au vin blanc, andouilles de choux, rissoles, beignets à la ridelle faisant vis-à vis aux guilles de beurre, aux tommes grasses, aux gâteaux farcis et aux châtaignes brezolées. Vraiment, ces gens-là faisaient largement les choses, et l’on pouvait bien certifier que dans tout Villard-Léger il n’y avait pas deux maisons pareilles ; seule, la grosse Bernarde pouvait mettre sur table, à côté des topinnées de miel blanc et savoureux, les pommes de reinettes conservées deux saisons dans le vieux coffre, entre des piles de draps neufs et des serviettes non encore blanchies.

On mangea beaucoup et l’on but longtemps, ce soir là, chez les Roussillon. Chaque invité, mis à